Les débuts artistiques
Raymond Duchamp-Villon en tenue militaire, vers 1914 - Bibliothèque Kandinsky, centre de documentation et de recherche du MNAM/Cci, Centre Georges Pompidou, Paris
Raymond Duchamp, dit « Duchamp-Villon », nait le 5 novembre 1876 à Damville (Eure). Il est le second d’une famille de six enfants, dont quatre se sont consacrés à l’art : Gaston Duchamp dit « Jacques Villon » (1875-1963), Marcel Duchamp (1887-1967), et Suzanne Duchamp (1889-1963).
En 1894, poussé par son père, Raymond entreprend des études de médecine à Paris. Il habite avec son frère Jacques Villon qui a embrassé la carrière d’artiste à Montmartre. Ils fréquentent ensemble des réunions de jeunes artistes.
En 1898, atteint de rhumatismes aigus qui l’obligent à abandonner se études, il se met à pratiquer la sculpture en autodidacte, et, convaincu que la sculpture est sa vocation, il décide de s’y consacrer. A son tour, et pour montrer la filiation avec son frère, il choisit un nom d’artiste, « Raymond Duchamp-Villon ». Ses premières œuvres s’inscrivent dans le style Art nouveau. Il participe dès 1905 au Salon d’Automne, dont il a été membre titulaire.
Le groupe de Puteaux
Les trois frères Duchamp, de gauche à droite: Marcel Duchamp, Jacques Villon, Raymond Duchamp-Villon, dans le jardin de l’atelier de Jacques Villlon à Puteaux, France, circa 1913 - Smithsonian Institution collections
En 1907, il s’installe avec sa femme, Yvonne au 7 rue Lemaitre à Puteaux. Il y retrouve son frère Jacques Villon et le peintre tchèque Frantisek Kupka tandis qu’Albert Gleizes est à Courbevoie et La Fresnaye dans l’Ouest de Paris.
C’est à cette période que débutent les réunions d’artistes de Puteaux, durant lesquelles sont discutés le nombre d’Or, la chronophotographie de Marey, la quatrième dimension ou encore la pensée de Bergson. Le groupe de Puteaux défend un Cubisme axé sur la traduction plastique du mouvement, tandis que le groupe de Montmartre de Braque et Picasso évolue vers un Cubisme analytique.
D’ailleurs, dès 1912, des contacts s’établissent avec les artistes Futuristes, fréquents en ce qui concerne Severini, plus occasionnels pour Marinetti et Boccioni.
Un sculpteur architecte
Détail de l’architecture de « La Maison Cubiste » présentée au Salon d'Automne, 1912 - Bibliothèque Kandinsky, centre de documentation et de recherche du MNAM/Cci, Centre Georges Pompidou, Paris
Contribuant activement à la vie artistique et intellectuelle de l’époque, homme de lettres et sculpteur novateur, Raymond Duchamp-Villon a marqué son temps en proposant certaines des œuvres des plus audacieuses de sa génération. Ainsi, au Salon d’Automne 1911, son portrait de Baudelaire aux volumes très simplifiés sont saisissants de gravité. Il pousse encore plus loin ses recherches avec le buste de Maggy, dont la construction par formes géométriques et l’exagération des traits l’inscrivent pleinement dans les problématiques cubistes.
Cette attention à l’architecture des formes se concrétise lorsqu’il conçoit la façade d’un hôtel particulier, dit La Maison cubiste, pour un ensemble d’arts décoratifs dirigé par André Mare au Salon d’Automne 1912. C’est un immense scandale, qui remonte jusqu’à la Chambre des députés et où Marcel Sembat se charge de prendre la défense des Cubistes.
Des expositions historiques
Couverture du Catalogue de l’International Exhibition of Modern Art, dit Armory Show – New York, Boston, Chicago, 1913.
Au même moment, le groupe de Puteaux se baptise la « Section d’Or » et organise un salon à la galerie de la Boétie. Outre les frères Duchamp, sont exposés Archipenko, Delaunay, Kupka, Gleizes, Juan Gris, Léger, Metzinger, Picabia…
Leur notoriété croissante permet à Duchamp-Villon de recevoir dans son atelier les Américains Arthur B. Davies et Walt Kuhn par l’entremise de Walter Pach. Ses œuvres, ainsi que celles de ses deux frères, Jacques et Marcel, sont sélectionnées pour participer l’année suivante à l’International Exhibition of Modern Art à New York, dite l’Armory Show aux côtés des sculptures d’Archipenko, de Brancusi, d’Epstein ou encore de Lehmbruck.
Resté à Paris, Duchamp-Villon prépare le Salon d’Automne de 1913, pour lequel il dévoile dans la salle cubiste son bas-relief des Amants, qui combine mouvement et corps aux lignes schématisées, ainsi que les reliefs ornant le boudoir d’André Mare.
La Grande Guerre
Raymond Duchamp-Villon, « Le Cheval », 1914 - Bibliothèque Kandinsky, centre de documentation et de recherche du MNAM/Cci, Centre Georges Pompidou, Paris
A la déclaration de guerre en 1914, il se porte volontaire en tant que médecin auxiliaire. C’est durant ses permissions qu’il travaille à ses recherches sur Le Cheval, œuvre la plus emblématique de sa carrière. En effet, fin novembre 1916, atteint de fièvre typhoïde contractée au contact des malades, il est hospitalisé. Duchamp-Villon est soigné par le professeur Gosset, avec lequel il se lie d’amitié et dont il réalise le portrait. Duchamp-Villon décède prématurément le 7 octobre 1918.
Ce sont ses frères Jacques Villon et Marcel Duchamp qui ont supervisé la fonte de ses sculptures en bronze et les agrandissements des oeuvres, suivant les volontés de l’artiste.